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Les activités culturelles et intellectuelles (1940-1943)

Si l’enseignement se déroule dans la plus grande confusion, la vie culturelle elle-même connaît un déve­loppement sans précédent, tant dans sa variété que dans sa qualité.

Il est fréquemment affirmé qu’on chercherait vainement, à travers tout le Béarn, des activités comparables, mais la comparaison est déplacée.

Une étude remar­quable en a été faite par Hanna Schramm¹.

Les activités culturelles se développent surtout à partir de mars 1941, lorsque les internés sont moins nombreux dans le camp et que les souffrances de l’hiver marquent un répit. À cette époque, le chef de camp décide d’affecter, dans chaque îlot, une baraque vide à « la culture ». Le local est baptisé pompeusement par les autorités maison de la culture ou foyer culturel, parfois aussi, salle de classe. En fait, il s'agit d'une baraque comme les autres, que les internés ont peu à peu munie d'une estrade, de bancs, de quelques tables, parfois d'une bibliothèque ou d'un instrument de musique.

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Un enseignement dévoyé

L’enseignement destiné aux enfants d'âge scolaire a toujours été assuré au camp, y compris aux heures les plus sombres de Vichy, dans les baraques de la culture. Les maîtres et les professeurs sont des internés qui, la plupart du temps, exerçaient déjà cette fonction auparavant.

Les conditions dans lesquelles les cours sont dispensés sont difficilement imaginables. Les élèves sont rassemblés dans une baraque d'un îlot désaffecté, glaciale l’hiver et étouffante l’été. Pendant les premiers mois de l’année 1941, où la température est fréquemment descendue en dessous de zéro, ils doivent faire sans cesse des activités physiques, pour ne pas rester transis de froid sur leurs sièges. Ils ne disposent ni de manuels, ni de matériel scolaire, ni d’outil pédagogique, ou presque.

Il est difficile d’évaluer leurs résultats, mais chacun s’accorde pour reconnaître leur faible niveau, quel que soit le domaine considéré. Il est vrai que les professeurs ne sont jamais les même, du fait des transferts et des mutations, et qu’eux-mêmes ne sont jamais certains de revenir en classe le lendemain, soit que leur départ ait été annoncé, soit que leurs parents aient besoin d'eux dans l'îlot. Les maladies et la faim réduisent leurs capacités de concentration, sans parler de l’angoisse qui les étreint en permanence, c'est pourquoi aucune étude sérieuse n'a jamais été faite à Gurs.

L'enseignement n'est guère qu'un moyen d'occuper de jeunes esprits, afin d'éviter que la vie au camp ne les entraîne sur la voie de l'arriération mentale et même, comme le regrettent nombre d'internés, ne les dévoie. Eugen Neter, Siegbert Plastereck, Hanna Schramm et surtout Joseph Weill affirment que l'internement a fait régresser les enfants. Ce dernier parle même pour Gurs d'une « jeunesse anémiée tant au point de vue physique qu'au point de vue intellectuel » et du « relâchement des mœurs de tous les adolescents »².

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Les cours, les causeries et les conférences

Avec l’enseignement, ce sont les principales activités que l’on rencontre dans les baraques de la culture. Des cours, des conférences et des causeries y sont don­nés, généralement pendant l’après-midi.

Les sujets abordés sont des plus variés. Les cours portent essentiellement sur l’apprentissage du français, parfois sur la littérature ou la philosophie allemande. Les conférences données par les médecins dispensent les principes fondamentaux de l’hygiène et des premiers soins. Celles des professeurs traitent de la poésie, du théâtre, de la géographie ou de l’astronomie. Les rabbins se livrent à l'exégèse de textes bibliques.

Le succès de ces causeries dépend étroitement de la saison pendant laquelle elles sont données. L’hiver, avec le froid et l’humidité, la baraque reste vide, la plupart du temps, quelle que soit la qualité des intervenants. En revanche, avec le retour des beaux jours, leur succès ne se dément pas et il est fréquent que l’on refuse les derniers arrivants.

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Le développement exceptionnel de la poésie

Dans le courrier intercepté par la censure, conservé aux Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques, on trouve plus d’une centaine de lettres contenant des poésies rédigées par les internés. Elles sont, la plupart du temps, en allemand, mais on en trouve aussi quelques-unes en français. Il s'agit, en règle générale, d'élégies plaintives, qui lancent de véritables appels au secours, dans lesquelles les conno­tations bibliques se mêlent aux descriptions, à peine voilées, de la misère du camp. Parfois, ces petits poèmes expriment, en termes simples, une profonde angoisse. En voici quelques-uns.

De l'îlot I, Hertha Freund écrit :

« A présent, je parle ma quatrième langue,

Je me trouve dans mon troisième pays.

Je m'y fais bien du souci.

Ce que je deviendrai, je l'ignore.

Nous devrons encore repartir, je le sais.

Ma mère pleure aujourd'hui,

Elle pleure souvent et beaucoup.

Je regarde tristement les gens heureux, les autres,

Et je songe au but de notre prochain voyage,

Aux villes étrangères, aux grandes villes, là-bas.

Je songe à la faim qui me tourmente le soir.

Ah ! si seulement j'avais un ami !

J'ai tellement mal de cette solitude.

Où irons-nous à présent ?

Resterons-nous là où nous sommes ?

Sept ans de voyages, c'est assez J'ai perdu ma gaieté.

Je suis fille d'émigrant. »³

 

De l'îlot J, baraque 12, Selma Chabina lance en décembre 1942 ce cri qu'elle veut plein d'espoir :

 

« Les camps de la douleur se sont ouverts pour nous.

II nous faut vivre là, sourds, dénués de tout,

Perdus dans la misère et le froid et la faim.

Nos parents, nos amis, nous n'en savons plus rien.

 

Nos biens et nos foyers, la sueur de nos fronts,

Ne sont plus que ruines, décombres et haillons.

Oublions-les, amis, et l'espoir restera,

Le bonheur reviendra, la paix refleurira.

 

Nous jouirons alors d'une douceur immense,

Que nous aurons bâtie de nos propres souffrances

Notre port, notre abri sera la liberté.

Notre port, notre vie sera fraternité.

 

Courage, mes amis, effaçons nos chagrins !

Courage, mes amis, notre espoir n'est pas vain. »

 

Heini Walfisch évoque en ces termes les leçons de la vie au camp :

« Autrefois, j’étais un monsieur élégant,

J’avais un pli au pantalon, une cravate et un col blanc,

Je savais par cœur les airs de Figaro et de Tristan

Et j’avais sur le monde une vision à moi.

Entre-temps, elle s’est bien effritée.

 

Entre-temps, bien des choses se sont passées

Le monsieur élégant a glissé dans la boue

Et sa vision du monde, Tristan et le col blanc,

Je puis le dire sans exagération,

Se sont fripés avec le pli du pantalon.

 

Entre-temps, j’ai appris la misère d’autrui

Et les larmes d’autrui.

Je sais ce qu’est un homme seul, sans secours,

Ce qu’est d’aller se coucher le ventre creux

Et de crier dans son sommeil le nom de ses enfants.

 

Tout à coup j’ai compris que j’ai million de frères,

La cohorte des miséreux.

Je les sais proches de moi maintenant.

C’est ainsi que le monsieur élégant

Est devenu un homme, tout simplement. »¹

 

Comment expliquer la fréquence des poésies composées au camp ? L’internement aurait-il pour effet de susciter un goût démesuré pour la poésie ?

D’une certaine façon, oui. À Gurs, comme dans les autres camps, les internés ne cessent de composer, tout au long de la journée, d’innombrables poésies. Ils les remanient et les peaufinent sans cesse. Ce besoin incoercible reflète, pour une part, le besoin de témoigner de la misère de l’internement, sans l’exprimer de manière directe, en évitant les descriptions abruptes qui n’auraient jamais pu passer le filtre de la censure. La poésie permet de telles allusions, même si les fonctionnaires de police sont rarement dupes. Mais ce besoin s’explique, pour l’essentiel, par des raisons plus profondes. Aragon le résume en un vers célèbre : « La souffrance enfante des rêves comme une ruche ses abeilles. » En effet, le sordide du quotidien produit, derrière les barbelés du camp, une réaction de défense qui conduit nombre d’internés à se réfugier dans l’art ou dans la poésie. Ils y trouvent ce que Gurs ne leur offre pas : une élévation. Face à l’enfermement qui avilit, devant l’incompréhension de l’administration, devant l’indifférence des gardiens, ils s’efforcent de conserver quelques parcelles de leur dignité d’homme dans une sorte d’esthétisme apaisant. Ils passent des journées entières à réfléchir sur la composition d’un poème, sur une rime ou sur une allégorie. Car pour eux, la poésie témoigne du malheur et, en même temps, le transfigure. Elle ne se complet pas dans la souffrance, elle la sublime. C’est une fenêtre ouverte sur un univers d’espoir et de beauté, toutes choses que Gurs leur interdit.

Pour prendre une comparaison, elle joue un peu le même rôle que le spectacle des Pyrénées. La prodigieuse beauté de la montagne, offerte à tous, tout au long de l’année, a parfois été d’un secours incomparable aux moments les plus sombres de l’internement. La petite Laure Schindler, par exemple, avait coutume de dire à son amie Martha, lorsqu’elle ne parvenait plus à contrôler son chagrin : « viens ; allons nous réfugier sur notre sommet, là-bas, sur ce pic où la montagne est si belle » et, peu à peu, son chagrin s’apaisait (4). Une sorte de cristallisation s’opérait, parfaitement comparable à celle de la poésie, qui les réconfortait. S’agissait-il seulement d’une évasion momentanée ? Rien n’est moins sûr, tant ce comportement est générateur de vie.

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Les spectacles

A partir de l’été 1940 et pendant près de deux ans, tous les types de spectacles sont montés dans les baraques de la culture. Les acteurs, évidemment, ne reçoivent aucun cachet, parfois quelques denrées alimentaires supplémentaires.

L’administration du camp encourage ce type d’activités qui offre un dérivatif aux internés et leur apporte un peu de gaieté. Elle accepte même de mettre à la disposition des artistes des instruments de musique, quelques lampes et des habits, allant jusqu’à leur octroyer de plus grosses rations de nourriture.

Quelques pièces de théâtre sont présentées, montées et mises en scène par Ernst Busch, acteur professionnel. Ce sont d’abord des pièces pour enfants, par exemple des courtes saynètes de Kurt Gœtz, ou les petites comédies créées par Hanna Zweig, cousine de Stephan Zweig. Puis quelques grands textes du répertoire classique sont présentés : Les Revenants d’Ibsen et Le Songe d’une nuit d’été de Shakespeare. Nous n’avons pas de détails sur ces représentations. Nous savons seulement que les costumes étaient faits de papier cousu sur les chemises des acteurs et que le public sortait enchanté.

Heini Walfisch évoque en ces termes ces soirées inoubliables :

« Nous avons répété par des nuits glaciales,

A moitié morts de faim, la plupart du temps.

Nous avons chanté, dansé, nous avons ri et pleuré,

Mais nous avons porté la joie et la lumière

A des milliers et des milliers de spectateurs.

Vous ne savez pas ce que cela veut dire.

 

A ceux qui avaient perdu courage,

Nous avons retourné l’âme et le cœur,

Toutes les souffrances de l’humanité

Nous les avons éprouvées nous-mêmes.

Mais nous avons fait du théâtre,

Songez à ce que cela veut dire. »¹

Des spectacles de danse sont fréquemment présentés. Il est vrai que des danseuses célèbres comptent alors parmi les internées. Ainsi, Ruth Rauch, dont le père jouait du piano à l’orchestre du camp, les sœurs Elisabeth et Klara Horowitz, les sœurs Lucian, etc... Toutes seront déportées dans le convoi du 6 août 1942, puis exterminées. Une place particulière doit être faite à Hella Tarnow qui fut internée au camp de sa propre volonté, pour rester avec son époux Victor Tulman (surnommé le rabbin rouge et interné deux fois au camp, d’abord en 1939 comme brigadiste, puis en 1940 comme étranger juif). Hella Tarnow enseignait la danse sacrée de Djojakarta (recherche de l’équilibre et de l’harmonie), qu’elle avait apprise du prince Raden Mas Jodjana ; elle sera déportée à Ravensbrück mais survivra (5).

Les spectacles de cabaret comptent parmi les moments les plus étonnants de la vie culturelle du camp. Fred Nathan réussit l’exploit de monter une véritable troupe qui devient très vite réputée au point que le personnel français du camp demande à plusieurs reprises de pouvoir assister aux représentations et que des invitations lui sont adressées dans les villages de la vallée comme le maire de Navarrenx le 9 juin 1941 (vainement, bien sûr). Nathan crée une véritable scène, avec rideau, décors peints par Kurt Löw et Karl Bodek, et même des effets de lumière (les fils sont reliés au plafonnier par des installations de fortune). Ses revues, intitulés Mieux vaut en rire ou Allo allo, ici Radio Polyglotte, sont un tourbillon de bonheur.

Les chansons, les intermèdes musicaux (avec Tommy Green et son orchestre de jazz, dénommé évidemment les Camping boys), les airs d’opérette et les morceaux de musique classique, sous la direction de Kurt Leval, se succèdent pendant près de deux heures, sur un rythme effréné.

Voici, par exemple, le programme de Mieux vaut en rire, donné le 26 janvier 1942 :

MIEUX VAUT EN RIRE, 17 comprimés de notre pharmacie privée

Mise en scène : Alfred Nathan.

Direction musicale : Kurt Leval

 

1 Avalon (fox) : Tommy Green et ses Camping boys
2 Ultima canzone : Richard Auerbach.
3 Liebesfreund (de Kreisler) : dansé par Ruth Rauch
4 Chanson païenne : Charlotte Sussmann et Tommy Green.
5 Je chante (de Trénet) : Alfred Nathan.
6 Violon tzigane : Otto Weiss.
7 L'illusionniste et prestidigitateur "Forini".
8 Le beau Danube bleu (de Strauss) : Tommy Green et ses Camping boys.
9 Danse japonaise aux lanternes : Doris Sussmann.
10 A la manière de : Kurt Levai (piano).
11 Le pantin : dansé par Mme Poumanova, Elisabeth et Klara Horowitz
12 Vous êtes jolie. Boum : Alfred Nathan.
13 Consuelo : tango de Kurt Levai. Dansé par Doris et Charlotte Susmann
14 Pluie d'étoiles : solo de trombone de Tommy Green.
15 L'homme dans l'armoire (sketch) : Doris Sussmann, Ruth Rauch, Poumanova, Dorian Drach,
16 Mazurka (de Wieniewski) : Fritz Brunner
17 Pot-pourri des opérettes de Paul Abraham : l'ensemble
Costumeuse : Adrienne Rosenthal. Décors : Kurt Löw et Karl Bodek.

 

Orchestre de Kurt Leval (piano) avec Fritz Brunner, Ernest Grosz et Désirer Rado (violons), Rolf Heinemann (trompette), Chico (saxo), Tommy Greentrombone), Otto Weinstein (accordéon) et Heinz Lewin (contrebasse).

Ces revues sont d’une telle qualité, leur exécution, compte tenu de la pénurie en matériel, atteint un tel degré de perfection, que tous les Gursiens en ont été frappés. Certaines soirées dans les îlots « étaient dignes d'un public berlinois, parisien ou new-yorkais » affirme Hanna Schramm¹ (p. 136).

Le programme d’un des spectacles d’Alfred Nathan (Arch. Dép. Pyr. Atl)

Il faut noter que tous les types de spectacles, d’arts et de musiques s’entremêlent à l’occasion de ces soirées : les chansons de variétés, les airs d’opérette, les extraits d’opéra, le jazz, la musique classique, le violon tzigane, la danse sud-américaine, la danse classique, l’illusionnisme, la prestidigitation, les sketchs, le mime, les expositions de peintures, de papiers collés et de tissus, etc... Il s’agit de véritables fêtes, d’instants de grâce et d’oubli, qui constituent le sujet de toutes les discussions pendant des journées entières

Ainsi, pendant trois ans, dans le monde clos de Gurs, les activi­tés artistiques n'ont cessé de se développer.

Nombre de personnes, aujourd’hui, comprennent mal pour­quoi la vie culturelle a été aussi éclatante à Gurs, pendant plus de deux années. Ils admettent, bien sûr, que quelques hommes d'exception aient été internés, mais ils considèrent que, puisque les internés s'adonnaient corps et âmes à de telles activités, qui, en fin de compte, ne sont nullement indispensables à la vie humaine, c'est qu'ils ne devaient pas être aussi malheureux qu'on veut bien le dire. Un tel raisonne­ment repose sur une méconnaissance profonde des réalités gursiennes.

Au camp, le mode de vie traditionnel a éclaté. Une nouvelle échelle de valeurs s'est créée. Il n'y a plus ni cellule familiale, ni loge­ment individuel dans lequel on puisse s'isoler, ni profession à exer­cer, ni travail à terminer, ni salaire à gagner, ni standing à tenir. Tout ce qui semblait essentiel auparavant a disparu et ce qui, la plu­part du temps, était tenu pour secondaire (le bricolage, la couture, les spectacles, la création artistique, la religion même) est désormais l'unique lot quotidien. Le refuser, c'est se complaire dans le chagrin et se dessécher lentement.

Hanna Schramm résume bien ces sentiments dans ces quelques mots :

« Les ténèbres, le froid et la faim faisaient surgir de

tous côtés, comme une protestation puissante, l’activité

artistique. L’être humain souffrant tendait ses forces à

l’extrême pour affirmer son existence. » (p. 136)

 

 


¹ Hanna Schramm. Vivre à Gurs. Un camp de concentration français. 1940-41. François Maspéro. Coll.Actes et mémoires du peuple. Paris, 1979, p. 131 à 146.

² Joseph Weill, Contribution à l'histoire des camps d'internement dans l’anti-France, CDJC, Paris, 1946, p. 44 et 47.

³ Cité dans Aufbau, de New York, n° 16, 18 avril 1941, p. 4

(4) Laure Schindler-Levine. L’impossible au revoir. L’Harmattan, Mémoires du XXème siècle, Paris, 2001, p. 100.

(5) David Victor et Paloma Tulman. Mit des Kraft zu lieben. Lindemanns Bibliothek, Karlsruhe, 2000, 426 p.

 

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